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Kill me (de Marina Otero)

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(c) Teatro Madrid

C’est la dernière partie d’une trilogie dont je n’ai vu que cette dernière, pour sa dernière, dimanche, au Théâtre du Rond-Point.

C’est une femme, une femme amoureuse, amoureuse et dépendante ; amoureuse et dépendante d’un pervers qui la quitte, comme elle a toujours craint qu’il le fasse, comme elle l’a peut-être poussé à le faire, avec toute cette dépendance poisseuse, ce poids, cette attente continuelle et trop lourde à porter, cette angoisse à se taper la tête contre les murs, ce qu’elle fait, et dont il la sauve, ce qui ne l’empêche d’ailleurs pas, ce Pablo, d’être un salaud. Et depuis, comme déprise d’elle-même, aliénée (ce qu’elle est) elle erre, dépressive, racontant et dansant pour s’extirper du trouble psychiatrique qu’on lui a diagnostiqué, de cette chute immobile dans le rien (mais y a-t-il un autre trouble, une folie plus grande et plus dévastatrice que l’amour non partagé, l’amour trahi et méprisé de ceux qui aiment vraiment, qui aiment « à la folie » ?), trouvant dans le personnage de la Sarah Connor de Terminator, de cette femme qui manie si bien les armes si phalliques, une voie pour s’en sortir et tâcher de survivre.

Sarah Connor, donc, en cinq exemplaires, armée de sa rousseur et d’un pistolet noir, qui s’avance sur scène pour régler ses comptes en exhibant sa nudité, protégée, exaltée plus que fragilisée par cette totale nudité, une nudité puissante et victorieuse où se voient une chair bien tendue, un regard assuré, des cuisses et des seins fermes, un corps sportif et élancé.

En contrepoint, le personnage ressuscité de Nijinsky, sur la tombe duquel l’autrice est allée se recueillir, d’un anti-Nijinsky plutôt, d’un Nijinsky qui aurait troqué sa silhouette altière pour l’allure basse et ovoïde d’un Humpty Dumpty prétentieux (et rien de pire, pour un homme, qu’une taille un peu trop basse !), d’un Humpty Dumpty prétentieux jouant le fou du roi on ne sait pas très bien pourquoi.

Marina Otero et ses quatre alter ego dansent, chantent, hurlent, racontent parfois, disent leur histoire et leur malaise. Elles sont touchantes, elles sont poignantes avec leurs récits de borderlines, de filles perdues qui ne se sont jamais vraiment retrouvées, avec leur personnalités binaires qui ne trouvent leur équilibre que dans le lithium (c’est amusant, une des spécialistes mondiales du lithium s’appelle également Marina Otero), avec leur détresse amoureuse qui leur fait comprendre, épouser, chanter Edith Piaf et Marcel Cerdan.

Tout cela touche et émeut.

Mais pourquoi cette nudité ? Une nudité qui n’a rien de choquant mais qui cache bien plus qu’elle ne met à nu, qui voile bien plus qu’elle ne révèle, et dont l’éclat, finalement, obscurcit (comme les projecteurs lors de l’entrée en scène).


Kill me, de Marina Otero.
Avec Ana Cotoré, Josefina Gorostiza, Natalia López Godoy, Myriam Henne-Adda, Marina Otero, Tomás Pozzi.
Musicienne au plateau : Myriam Henne-Adda.

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C’est une femme, une femme amoureuse, amoureuse et dépendante ; amoureuse et dépendante d’un pervers qui la quitte, comme elle a toujours craint qu’il le fasse, comme elle l’a peut-être poussé à le faire, avec toute cette dépendance poisseuse, ce poids, cette attente continuelle et trop lourde à porter, cette angoisse à se taper la tête contre les murs, ce qu’elle fait, et dont il la sauve, ce qui ne l’empêche d’ailleurs pas, ce Pablo, d’être un salaud. Et depuis, comme déprise d’elle-même, aliénée (ce qu’elle est) elle erre, dépressive, racontant et dansant pour s’extirper du trouble psychiatrique qu’on lui a diagnostiqué, de cette chute immobile dans le rien (mais y a-t-il un autre trouble, une folie plus grande et plus dévastatrice que l’amour non partagé, l’amour trahi et méprisé de ceux qui aiment vraiment, qui aiment « à la folie » ?), trouvant dans le personnage de la Sarah Connor de Terminator, de cette femme qui manie si bien les armes si phalliques, une voie pour s’en sortir et tâcher de survivre.

Sarah Connor, donc, en cinq exemplaires, armée de sa rousseur et d’un pistolet noir, qui s’avance sur scène pour régler ses comptes en exhibant sa nudité, protégée, exaltée plus que fragilisée par cette totale nudité, une nudité puissante et victorieuse où se voient une chair bien tendue, un regard assuré, des cuisses et des seins fermes, un corps sportif et élancé.

En contrepoint, le personnage ressuscité de Nijinsky, sur la tombe duquel l’autrice est allée se recueillir, d’un anti-Nijinsky plutôt, d’un Nijinsky qui aurait troqué sa silhouette altière pour l’allure basse et ovoïde d’un Humpty Dumpty prétentieux (et rien de pire, pour un homme, qu’une taille un peu trop basse !), d’un Humpty Dumpty prétentieux jouant le fou du roi on ne sait pas très bien pourquoi.

Marina Otero et ses quatre alter ego dansent, chantent, hurlent, racontent parfois, disent leur histoire et leur malaise. Elles sont touchantes, elles sont poignantes avec leurs récits de borderlines, de filles perdues qui ne se sont jamais vraiment retrouvées, avec leur personnalités binaires qui ne trouvent leur équilibre que dans le lithium (c’est amusant, une des spécialistes mondiales du lithium s’appelle également Marina Otero), avec leur détresse amoureuse qui leur fait comprendre, épouser, chanter Edith Piaf et Marcel Cerdan.

Tout cela touche et émeut.

Mais pourquoi cette nudité ? Une nudité qui n’a rien de choquant mais qui cache bien plus qu’elle ne met à nu, qui voile bien plus qu’elle ne révèle, et dont l’éclat, finalement, obscurcit (comme les projecteurs lors de l’entrée en scène).


Kill me, de Marina Otero.
Avec Ana Cotoré, Josefina Gorostiza, Natalia López Godoy, Myriam Henne-Adda, Marina Otero, Tomás Pozzi.
Musicienne au plateau : Myriam Henne-Adda.

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