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Cinéma : les réalisatrices taïwanaises font des vagues à Paris

 
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Le festival de cinéma taïwanais, Women Make Waves, fête ses 30 ans, avec une édition exceptionnelle en France. Jusqu’au 8 octobre, les films de 30 réalisatrices taïwanaises (et d’un co-réalisateur taïwanais) sont projetés dans les salles du Forum des images à Paris. Dans ce nouvel épisode de RTF, le podcast des relations Taïwan - France, nous allons à la rencontre de plusieurs de ces réalisatrices taïwanaises.

Le premier festival de films de femmes en Asie, Women make waves, présente habituellement le travail de réalisatrices internationales. Cette année, une édition exceptionnelle se tient en France, jusqu’au 8 octobre, au Forum des Images. Les films de 30 réalisatrices (et d’un co-réalisateur), avec plusieurs premières françaises ou européennes, se succèdent en salle. Plusieurs réalisatrices sont actuellement à Paris ou viendront rencontrer le public lors de cet événement exceptionnel. C’est peut-être l’occasion pour vous de découvrir que non, le cinéma taïwanais ne se résume pas aux réalisateurs de la nouvelle vague.

Les femmes font des vagues, une première française

Cette édition française n’est pas vraiment une surprise. A l’origine, l’événement était en partie inspiré du festival du film de femmes de créteil, comme nous raconte Yu-shan Huang (黃玉珊), connue pour ses films tels que Twin Bracelets ou Taste of Life (présenté au festival) :

Il y a 30 ans, en 1993, nous avons lancé ce Festival de réalisatrices taïwanaises. J’ai été inspirée par le Festival du film de femmes de Créteil car l’un de mes films, Twin Bracelets, a été sélectionné en 1990. Après mon retour, j’ai travaillé avec des amis à Taipei qui s'intéressaient au cinéma taiwanais et au travail des réalisatrices. Ma cousine, Shu Lea Cheang était également consultante à cette époque. Elle m'a aidé à organiser le Festival du film cette année.

Pourquoi avoir voulu lancer ce Festival à l’époque? Parce que quand je suis allée à Créteil, j'ai vu beaucoup de films faits par des réalisatrices asiatiques, certaines de Chine et d'autres du Japon. C'était un événement spécial avec des réalisatrices asiatiques. C’était la première fois que je me sentais aussi bien et que j'ai rencontré autant de différentes réalisatrices de pays asiatiques. On ne pensait pas que le festival durerait 30 ans.

De mon côté, si j’ai voulu pousser le cinéma de réalisatrices taïwanaises à venir en France, c’est parce que je suis très impressionnée par la peinture française, les arts et le cinéma. C'est l’un de mes pays préférés concernant la Culture. En 2000 et 2006, nous avons organisé des festivals à New York, ce qui a amené une bonne réputation. En 2012, nous avons organisé un autre festival en Chine, co-organisé par l'Université de Shanghai. Amener le cinéma de réalisatrices taïwanaises en France, surtout à Paris, c'était un rêve partagé avec des collègues.

Dans cette sélection des 30 films (19 longs et 11 courts) sont mélangés fiction, documentaire ou encore animation. Pour plusieurs cinéastes, c'est aussi un premier contact avec le public français comme l'explique Yu-shan Huang.

Je pense que le cinéma de la nouvelle vague taïwanaise est déjà connu dans le monde. Nous avons également beaucoup de bonnes et excellentes réalisatrices et j'espère qu'elles pourront être projetées en Europe, notamment en France. Au cours des cinq dernières années, quand vous regardez le Festival du Film du Cheval d’or, vous constatez que de plus en plus de réalisatrices reçoivent des prix. Des femmes réalisent aussi de superbes documentaires. Je pense qu'il est temps de présenter les films de ces réalisatrices au public français. Être projeté en Europe ou en France, c'est un bon moyen de promouvoir leur film à Taiwan, mais la plupart des films ont déjà été présentés dans les salles taïwanaises.

La plupart des films ont reçu des prix lors de festivals de cinéma taïwanais ou internationaux. Lorsque nous sélectionnons des films, ils ont déjà été vus dans différents pays. Mais pour nous réalisatrices, c'est la première fois que nous pouvons aller à Paris ensemble, que nous pouvons communiquer avec les critiques du cinéma ou rencontrer le public et savoir ce qu'il pense à la fois du cinéma des réalisatrices taïwanaises, mais aussi de la vie et de la société taïwanaises.

Outre l’inclusion de cinéastes de générations différentes, le festival se démarque certainement dans la diversité des thématiques abordées : colonisation japonaise, terreur blanche, mixité, maternité ou paternité, ou encore la place des travailleurs et travailleuses immigrés. Un point sur lequel insiste Zeynep Jouvenaux, programmatrice du Forum des images :

Nous sommes extrêmement sensibles à toutes les problématiques qui traitent des discriminations. Toutes les préoccupations de Women make waves, comme les questions liées aux femmes, au féminisme, aux communautés LGBT et à des problématiques d'inclusion plus vastes, font complètement sens. C’est ce que je trouve très beau dans cette sélection de films. Il y a pas mal de films qui traitent par exemple du sort des travailleurs et des travailleuses immigrées à Taïwan. J'aime beaucoup que le regard des cinéastes taïwanaises se porte sur ces femmes-là.

GAGA, la culture autochtone en ouverture du festival

La volonté d’exprimer les différentes facettes de la culture et de la société taïwanaise se voit dans le choix du film d’ouverture présenté mardi 19 septembre.Le film GAGA prend place dans un village atayal, l’un des peuples autochtones présents à Taïwan. L’histoire raconte la vie d’une famille d’une communauté Atayal. On y observe la complexité à mêler transmission des traditions et désirs d’émancipation entre 3 générations.

Laha Mebow, première réalisatrice autochtone taïwanaise, lauréate du prestigieux prix du cheval d’or du meilleur réalisateur en 2022, était à Paris avec d’autres cinéastes. Une occasion d’en découvrir plus sur son film :

GAGA est mon troisième long métrage et mes deux premiers films parlaient aussi du peuple Atayal. Parce que je suis une autochtone taïwanaise, ou parce que je n’ai pas grandi dans un village atayal, j’ai utilisé le cinéma pour découvrir ma propre culture. GAGA est basé sur l'histoire d'une famille Atayal, et je parle de trois générations vivant sous un même toit, qui sont différentes et ont des valeurs différentes. Gaga, renvoie à nos traditions et à nos valeurs originelles qui disparaissent lentement. Ce dont je parle aussi dans le film, c'est d’une famille dont les membres sont unis pendant des élections. Ils en viennent à se disputer à cause de ça et ils se divisent. Mais en fin de compte, la famille reste unie quoiqu’il arrive. Je pense que c’est le GAGA de cette famille. Quoi qu'il arrive, ils ne peuvent pas être séparés. Bien sûr, ce film parle aussi du processus de disparition lente des valeurs avec les générations.

Le film réussit à surprendre et à faire tomber certains fantasmes sur les aborigènes. Le cœur de l’histoire, autour des tensions de cette famille lors d’une campagne électorale, aurait très bien pu se dérouler dans un village non autochtone. La force de la réalisatrice est d’aller au delà des attentes du public :

Il y a en fait très peu de films autochtones à Taiwan, et je suis l'une des rares autochtones à filmer des histoires autochtones. A Taïwan, des réalisateurs non-aborigènes et aborigènes racontent des histoires sur les aborigènes, mais je pense que le public taïwanais a une certaine attente à l'égard de ces films. Je pense que le public espère toujours que le film sera réalisé de la manière dont il imagine les aborigènes. Je veux vous dire que le premier film réalisé à Taiwan a été tourné pendant l’occupation japonaise et il montre des aborigènes. Il y a longtemps eu une utilisation de cette image des aborigènes présentés comme un peu bêtes dans les films. Au début nous sommes pitoyables, puis nous faisons des efforts et enfin notre situation s’améliore. Moi, je n'aime pas vraiment faire des films comme ça, parce que je pense que les autochtones vivent les mêmes choses que les autres personnes à Taiwan. J'espère bien sûr que le public en saura un peu plus sur notre culture et nos origines. Mais j'espère pouvoir raconter ça à travers une histoire générale, comme celle de cette famille.

Pour Laha Mebow, les prix attribués au film, notamment au cheval d’or, encourageront d’autres créateurs d’origine autochtone à se lancer dans la réalisation ou à intéresser plus largement le public taïwanais à ce genre de films. Enfin, lors de sa présence à Paris, elle portait pour la première fois en Europe, une tenue Atayal. Un bel hommage au public parisien, mais aussi un partage de sa joie de présenter son film, dans une ville où elle a vécu dans le passé.

C'est très spécial, parce que Paris est une ville que j’aime, alors j'ai pensé que je pourrais apporter un film qui représente réellement ce que je veux dire et partager. J’ai beaucoup d’amis qui étaient autrefois à Paris, et j’espère surtout que des locaux ou des amis parisiens puissent voir le film. Je veux faire savoir qu'il existe différents groupes autochtones à Taiwan, et que Taiwan ne se résume pas à Taipei.

American Girl, et les enfants de troisième culture

Dans American Girl, film basé sur un récit autobiographique, Fiona ROAN Feng-i, raconte l’histoire d’un autre foyer, loin des montagnes taïwanaises. Une famille est contrainte de quitter les Etats-Unis et de rentrer à Taïwan lorsque la mère tombe malade. La réalisatrice livre un récit personnel et intime :

Je pense que les histoires mère-fille sont encore rares, encore moins réalisées par une femme. La relation entre nos parents nous affecte bien sûr beaucoup, mais je pense que ce qui est intéressant c'est qu'à chaque étape elle se transforme. Pour moi cette période était très importante car ma famille et moi, nous étions confrontés à beaucoup de défis. Cela vous forme vraiment. Ce que je veux partager avec le public ou le lien que j’espère établir est que ce sont ces crises familiales et ces défis qui nous façonnent si nous pouvons y survivre.

Outre les difficultés familiales, le film présente une adolescente dans sa construction personnelle entre plusieurs cultures. La cinéaste évoque la notion de “Third culture kid” pour parler de ces enfants qui vivent entre une culture d’origine, un nouveau pays de résidence et donc grandissent avec une troisième culture, fusion des deux précédentes. Par exemple, si vous suivez un jour des cours de mandarin à Taïwan, vous rencontrerez peut-être des étudiants, dont les parents taïwanais se sont installés aux Etats-Unis, ou ailleurs, et qui ont décidé de revenir en apprendre plus sur leurs origines familiales. Il faut écouter ces témoignages, parfois entre désillusions ou difficultés à trouver une place dans une société totalement étrangère.

Oui, je pense que c'est le pouvoir des histoires. Ces luttes sont tout à fait normales. Ma conclusion est d'arrêter d'essayer de faire une distinction ou de décider ce à quoi je ne peux pas m’identifier. Surtout à l'adolescence, on ne peut pas être obsédé par la question qui suis-je? C'est normal, mais je pense que nous mettons l'énergie au mauvais endroit quand on se demande si on est taïwanais ou américain par exemple. Je ne pense pas que ce soit la bonne question à poser. Vous savez, parfois je peux me sentir plus américaine. Parfois je peux me sentir plus taïwanaise et ce pourcentage change toujours. Je pense que c'est ce qui fait que les enfants de troisième culture se connectent les uns aux autres, même si cela ne signifie pas qu'ils doivent partager le même genre de mélange C'est en fait quelque chose de très riche. Pensez simplement à cela comme une option et non comme quelque chose que vous devez forcer.

Sur un point totalement différent, on peut être marqué dans ce film par la place des scènes nocturnes. Entre l’école et les horaires de travail, les soirées sont en effet les temps privilégiés de la famille. En demandant à la réalisatrice si ce choix visuel avait pour but de jouer sur les ambiances et les émotions, je ne m’attendais pas à cette anecdote sur le rapport du public taïwanais avec cet aspect du film :

Merci tout d'abord,d’avoir remarqué ça. On ne me pose pas beaucoup cette très bonne question. Au début, le public taïwanais a eu un problème avec cela. On m'a dit que c'était trop sombre. Nous avons fait une blague, parce que j'étais bouleversée. Quand on me demandait pourquoi c’était sombre, je disais que c’est parce qu’ils ne payaient pas leur facture d’électricité. Vous avez un point de vue Européen et vous avez vécu à Taïwan, vous savez que tout est très lumineux, super plastique et qu’il faut presque aimer être aveuglé avec de la lumière blanche... mais la nuit, c'est une décision plutôt naturelle parce que l'histoire se déroulait pendant l'hiver à Taiwan. Le soleil se couche assez tôt, vers cinq heures. Et naturellement, cette fille part à l'école et rentre à la maison à 6 heures. Ce qui signifie que si je veux avoir une histoire de famille qui se passe à la maison après l'école. C’est la nuit. Et donc ça a progressé naturellement de cette façon. C'est beaucoup plus difficile, mais oui, cela ajoute une ambiance et il était important que pour moi l'histoire commence à minuit parce que quand j’étais enfant, les avions que je prenais au départ des Etats-Unis arrivaient à minuit à Taïwan. J’avais toujours ce sentiment quand je rentrais chez moi, comme si ce n'était pas quelque chose d'accueillant, d’ensoleillé ou de lumineux mais plutôt une obscurité, ou un escalier très sombre. Pour moi, l'histoire commence là. Je pense que ça apporte une touche au film que j'ai vraiment aimé. Ce sentiment que l’actrice est perdue ou dans l'obscurité. C’est une sorte de vérité émotionnelle. Ce n'est pas la ville de Taipei la plus réaliste en termes d'éclairage, mais je pense que c'est la vérité émotionnelle de ce qu'elle ressent à propos de son environnement.

Questionnements sur la société et l’histoire de Taïwan

En plus des films, 2 tables rondes, un atelier ou encore une exposition permettent au public de découvrir autant le travail des réalisatrices que des points de vue sur l’histoire et la société taïwanaises. Parmi ceux qu’on pourrait citer, le documentaire, Une lettre pour hama de CHEN Hui-ling, illustre cette capacité des réalisatrices à aborder avec justesse des sujets complexes, sensibles et parfois douloureux. Dans son film, CHEN Hui-ling accompagne des étudiants dans l’écoute et l’enregistrement des récits bouleversants de leurs grands-parents, entre colonisation, terreur blanche ou amour perdu. Ce film, comme d’autres, illustre ce questionnement sur les événements du passé, pour tenter de les démêler et de les comprendre. Un avis, quelque peu partagé par la programmatrice du Forum des images :

J'ai la vision d'un pays qui est en effervescence, mais avec un énorme souci de revenir sur le passé pour essayer de comprendre. Il y a des films qui traitent des périodes historiques, notamment de la Terreur blanche. Toute cette histoire de Taïwan, de la colonisation japonaise, des peuples aborigènes, toutes ces choses là, existent. Dans les films, j'ai été très impressionnée aussi par la volonté d'avoir plusieurs points de vue. C'est à dire que même dans des situations très dramatiques, ce n’est jamais comme des films à charge. On essaie vraiment de poser tous les personnages et de comprendre les points de vue. C'est cette extrême bienveillance qui m'a beaucoup touché, ce “comment on peut fonctionner ensemble ?”

Les femmes de Taïwan font des vagues du 19 septembre au 8 octobre au Forum des images

Fiona ROAN Feng-i / Siew-hong LEONG / Yi-shan LEE / HUANG Xi / Nien-hsiu LI / Jasmine LEE / Wuna WU / Sylvia CHANG Ai-chia / Laha Mebow / HU Tai-li / Hsin-yin SUNG / Weitsy et WANG et Ying-jaw JIING / Ting-ning CHEN / Hui-chen HUANG / I-Ju LIN / Yushan HUANG / Chao-Ti HO / Hui-ju HSU / CHEN Hui-ling / Herb HSU / Zero CHOU / Wen-chen TSENG / Chen-ti KUO et Weissu CHIEN / Singing CHEN / Shau-di WANG / She-wei CHOU / Charlene SHIH / Yu-feng CHIU

Informations complémentaires :

2 tables rondes animées par Nicole Fernandez-Ferrer, co-présidente du Centre audiovisuel Simone de Beauvoir.

  • - « Féminisme et production cinématographique » Sam. 23 septembre – 14h30 Avec la participation de : Ching FAN et Chun-Chi WANG (Conseillères pour Taiwan Women’s Film Association), Women Make Waves International Film Festival), Bénédicte Couvreur (productrice, Lilies Films) et Blandine Lenoir (cinéaste).
  • - « Une critique féministe du cinéma » Sam. 7 octobre – 14h30 Avec la participation de : Chao-Ti HO (cinéaste) ; Yi-shan LEE (cinéaste) ; Occitane Lacurie (doctorante en études visuelles à Paris 1, rédactrice de la revue Débordements) et Camille Nevers (critique de cinéma et réalisatrice)

Atelier : « Running Festivals Making Waves » Sam. 30 septembre – 14h30

Exposition sur les œuvres de photographes témoins du mouvement féministe à Taïwan depuis les années 1970

Liens :

RTF, une émission réalisée depuis la France par Clément Tricot

Twitter : Clément Tricot

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Le festival de cinéma taïwanais, Women Make Waves, fête ses 30 ans, avec une édition exceptionnelle en France. Jusqu’au 8 octobre, les films de 30 réalisatrices taïwanaises (et d’un co-réalisateur taïwanais) sont projetés dans les salles du Forum des images à Paris. Dans ce nouvel épisode de RTF, le podcast des relations Taïwan - France, nous allons à la rencontre de plusieurs de ces réalisatrices taïwanaises.

Le premier festival de films de femmes en Asie, Women make waves, présente habituellement le travail de réalisatrices internationales. Cette année, une édition exceptionnelle se tient en France, jusqu’au 8 octobre, au Forum des Images. Les films de 30 réalisatrices (et d’un co-réalisateur), avec plusieurs premières françaises ou européennes, se succèdent en salle. Plusieurs réalisatrices sont actuellement à Paris ou viendront rencontrer le public lors de cet événement exceptionnel. C’est peut-être l’occasion pour vous de découvrir que non, le cinéma taïwanais ne se résume pas aux réalisateurs de la nouvelle vague.

Les femmes font des vagues, une première française

Cette édition française n’est pas vraiment une surprise. A l’origine, l’événement était en partie inspiré du festival du film de femmes de créteil, comme nous raconte Yu-shan Huang (黃玉珊), connue pour ses films tels que Twin Bracelets ou Taste of Life (présenté au festival) :

Il y a 30 ans, en 1993, nous avons lancé ce Festival de réalisatrices taïwanaises. J’ai été inspirée par le Festival du film de femmes de Créteil car l’un de mes films, Twin Bracelets, a été sélectionné en 1990. Après mon retour, j’ai travaillé avec des amis à Taipei qui s'intéressaient au cinéma taiwanais et au travail des réalisatrices. Ma cousine, Shu Lea Cheang était également consultante à cette époque. Elle m'a aidé à organiser le Festival du film cette année.

Pourquoi avoir voulu lancer ce Festival à l’époque? Parce que quand je suis allée à Créteil, j'ai vu beaucoup de films faits par des réalisatrices asiatiques, certaines de Chine et d'autres du Japon. C'était un événement spécial avec des réalisatrices asiatiques. C’était la première fois que je me sentais aussi bien et que j'ai rencontré autant de différentes réalisatrices de pays asiatiques. On ne pensait pas que le festival durerait 30 ans.

De mon côté, si j’ai voulu pousser le cinéma de réalisatrices taïwanaises à venir en France, c’est parce que je suis très impressionnée par la peinture française, les arts et le cinéma. C'est l’un de mes pays préférés concernant la Culture. En 2000 et 2006, nous avons organisé des festivals à New York, ce qui a amené une bonne réputation. En 2012, nous avons organisé un autre festival en Chine, co-organisé par l'Université de Shanghai. Amener le cinéma de réalisatrices taïwanaises en France, surtout à Paris, c'était un rêve partagé avec des collègues.

Dans cette sélection des 30 films (19 longs et 11 courts) sont mélangés fiction, documentaire ou encore animation. Pour plusieurs cinéastes, c'est aussi un premier contact avec le public français comme l'explique Yu-shan Huang.

Je pense que le cinéma de la nouvelle vague taïwanaise est déjà connu dans le monde. Nous avons également beaucoup de bonnes et excellentes réalisatrices et j'espère qu'elles pourront être projetées en Europe, notamment en France. Au cours des cinq dernières années, quand vous regardez le Festival du Film du Cheval d’or, vous constatez que de plus en plus de réalisatrices reçoivent des prix. Des femmes réalisent aussi de superbes documentaires. Je pense qu'il est temps de présenter les films de ces réalisatrices au public français. Être projeté en Europe ou en France, c'est un bon moyen de promouvoir leur film à Taiwan, mais la plupart des films ont déjà été présentés dans les salles taïwanaises.

La plupart des films ont reçu des prix lors de festivals de cinéma taïwanais ou internationaux. Lorsque nous sélectionnons des films, ils ont déjà été vus dans différents pays. Mais pour nous réalisatrices, c'est la première fois que nous pouvons aller à Paris ensemble, que nous pouvons communiquer avec les critiques du cinéma ou rencontrer le public et savoir ce qu'il pense à la fois du cinéma des réalisatrices taïwanaises, mais aussi de la vie et de la société taïwanaises.

Outre l’inclusion de cinéastes de générations différentes, le festival se démarque certainement dans la diversité des thématiques abordées : colonisation japonaise, terreur blanche, mixité, maternité ou paternité, ou encore la place des travailleurs et travailleuses immigrés. Un point sur lequel insiste Zeynep Jouvenaux, programmatrice du Forum des images :

Nous sommes extrêmement sensibles à toutes les problématiques qui traitent des discriminations. Toutes les préoccupations de Women make waves, comme les questions liées aux femmes, au féminisme, aux communautés LGBT et à des problématiques d'inclusion plus vastes, font complètement sens. C’est ce que je trouve très beau dans cette sélection de films. Il y a pas mal de films qui traitent par exemple du sort des travailleurs et des travailleuses immigrées à Taïwan. J'aime beaucoup que le regard des cinéastes taïwanaises se porte sur ces femmes-là.

GAGA, la culture autochtone en ouverture du festival

La volonté d’exprimer les différentes facettes de la culture et de la société taïwanaise se voit dans le choix du film d’ouverture présenté mardi 19 septembre.Le film GAGA prend place dans un village atayal, l’un des peuples autochtones présents à Taïwan. L’histoire raconte la vie d’une famille d’une communauté Atayal. On y observe la complexité à mêler transmission des traditions et désirs d’émancipation entre 3 générations.

Laha Mebow, première réalisatrice autochtone taïwanaise, lauréate du prestigieux prix du cheval d’or du meilleur réalisateur en 2022, était à Paris avec d’autres cinéastes. Une occasion d’en découvrir plus sur son film :

GAGA est mon troisième long métrage et mes deux premiers films parlaient aussi du peuple Atayal. Parce que je suis une autochtone taïwanaise, ou parce que je n’ai pas grandi dans un village atayal, j’ai utilisé le cinéma pour découvrir ma propre culture. GAGA est basé sur l'histoire d'une famille Atayal, et je parle de trois générations vivant sous un même toit, qui sont différentes et ont des valeurs différentes. Gaga, renvoie à nos traditions et à nos valeurs originelles qui disparaissent lentement. Ce dont je parle aussi dans le film, c'est d’une famille dont les membres sont unis pendant des élections. Ils en viennent à se disputer à cause de ça et ils se divisent. Mais en fin de compte, la famille reste unie quoiqu’il arrive. Je pense que c’est le GAGA de cette famille. Quoi qu'il arrive, ils ne peuvent pas être séparés. Bien sûr, ce film parle aussi du processus de disparition lente des valeurs avec les générations.

Le film réussit à surprendre et à faire tomber certains fantasmes sur les aborigènes. Le cœur de l’histoire, autour des tensions de cette famille lors d’une campagne électorale, aurait très bien pu se dérouler dans un village non autochtone. La force de la réalisatrice est d’aller au delà des attentes du public :

Il y a en fait très peu de films autochtones à Taiwan, et je suis l'une des rares autochtones à filmer des histoires autochtones. A Taïwan, des réalisateurs non-aborigènes et aborigènes racontent des histoires sur les aborigènes, mais je pense que le public taïwanais a une certaine attente à l'égard de ces films. Je pense que le public espère toujours que le film sera réalisé de la manière dont il imagine les aborigènes. Je veux vous dire que le premier film réalisé à Taiwan a été tourné pendant l’occupation japonaise et il montre des aborigènes. Il y a longtemps eu une utilisation de cette image des aborigènes présentés comme un peu bêtes dans les films. Au début nous sommes pitoyables, puis nous faisons des efforts et enfin notre situation s’améliore. Moi, je n'aime pas vraiment faire des films comme ça, parce que je pense que les autochtones vivent les mêmes choses que les autres personnes à Taiwan. J'espère bien sûr que le public en saura un peu plus sur notre culture et nos origines. Mais j'espère pouvoir raconter ça à travers une histoire générale, comme celle de cette famille.

Pour Laha Mebow, les prix attribués au film, notamment au cheval d’or, encourageront d’autres créateurs d’origine autochtone à se lancer dans la réalisation ou à intéresser plus largement le public taïwanais à ce genre de films. Enfin, lors de sa présence à Paris, elle portait pour la première fois en Europe, une tenue Atayal. Un bel hommage au public parisien, mais aussi un partage de sa joie de présenter son film, dans une ville où elle a vécu dans le passé.

C'est très spécial, parce que Paris est une ville que j’aime, alors j'ai pensé que je pourrais apporter un film qui représente réellement ce que je veux dire et partager. J’ai beaucoup d’amis qui étaient autrefois à Paris, et j’espère surtout que des locaux ou des amis parisiens puissent voir le film. Je veux faire savoir qu'il existe différents groupes autochtones à Taiwan, et que Taiwan ne se résume pas à Taipei.

American Girl, et les enfants de troisième culture

Dans American Girl, film basé sur un récit autobiographique, Fiona ROAN Feng-i, raconte l’histoire d’un autre foyer, loin des montagnes taïwanaises. Une famille est contrainte de quitter les Etats-Unis et de rentrer à Taïwan lorsque la mère tombe malade. La réalisatrice livre un récit personnel et intime :

Je pense que les histoires mère-fille sont encore rares, encore moins réalisées par une femme. La relation entre nos parents nous affecte bien sûr beaucoup, mais je pense que ce qui est intéressant c'est qu'à chaque étape elle se transforme. Pour moi cette période était très importante car ma famille et moi, nous étions confrontés à beaucoup de défis. Cela vous forme vraiment. Ce que je veux partager avec le public ou le lien que j’espère établir est que ce sont ces crises familiales et ces défis qui nous façonnent si nous pouvons y survivre.

Outre les difficultés familiales, le film présente une adolescente dans sa construction personnelle entre plusieurs cultures. La cinéaste évoque la notion de “Third culture kid” pour parler de ces enfants qui vivent entre une culture d’origine, un nouveau pays de résidence et donc grandissent avec une troisième culture, fusion des deux précédentes. Par exemple, si vous suivez un jour des cours de mandarin à Taïwan, vous rencontrerez peut-être des étudiants, dont les parents taïwanais se sont installés aux Etats-Unis, ou ailleurs, et qui ont décidé de revenir en apprendre plus sur leurs origines familiales. Il faut écouter ces témoignages, parfois entre désillusions ou difficultés à trouver une place dans une société totalement étrangère.

Oui, je pense que c'est le pouvoir des histoires. Ces luttes sont tout à fait normales. Ma conclusion est d'arrêter d'essayer de faire une distinction ou de décider ce à quoi je ne peux pas m’identifier. Surtout à l'adolescence, on ne peut pas être obsédé par la question qui suis-je? C'est normal, mais je pense que nous mettons l'énergie au mauvais endroit quand on se demande si on est taïwanais ou américain par exemple. Je ne pense pas que ce soit la bonne question à poser. Vous savez, parfois je peux me sentir plus américaine. Parfois je peux me sentir plus taïwanaise et ce pourcentage change toujours. Je pense que c'est ce qui fait que les enfants de troisième culture se connectent les uns aux autres, même si cela ne signifie pas qu'ils doivent partager le même genre de mélange C'est en fait quelque chose de très riche. Pensez simplement à cela comme une option et non comme quelque chose que vous devez forcer.

Sur un point totalement différent, on peut être marqué dans ce film par la place des scènes nocturnes. Entre l’école et les horaires de travail, les soirées sont en effet les temps privilégiés de la famille. En demandant à la réalisatrice si ce choix visuel avait pour but de jouer sur les ambiances et les émotions, je ne m’attendais pas à cette anecdote sur le rapport du public taïwanais avec cet aspect du film :

Merci tout d'abord,d’avoir remarqué ça. On ne me pose pas beaucoup cette très bonne question. Au début, le public taïwanais a eu un problème avec cela. On m'a dit que c'était trop sombre. Nous avons fait une blague, parce que j'étais bouleversée. Quand on me demandait pourquoi c’était sombre, je disais que c’est parce qu’ils ne payaient pas leur facture d’électricité. Vous avez un point de vue Européen et vous avez vécu à Taïwan, vous savez que tout est très lumineux, super plastique et qu’il faut presque aimer être aveuglé avec de la lumière blanche... mais la nuit, c'est une décision plutôt naturelle parce que l'histoire se déroulait pendant l'hiver à Taiwan. Le soleil se couche assez tôt, vers cinq heures. Et naturellement, cette fille part à l'école et rentre à la maison à 6 heures. Ce qui signifie que si je veux avoir une histoire de famille qui se passe à la maison après l'école. C’est la nuit. Et donc ça a progressé naturellement de cette façon. C'est beaucoup plus difficile, mais oui, cela ajoute une ambiance et il était important que pour moi l'histoire commence à minuit parce que quand j’étais enfant, les avions que je prenais au départ des Etats-Unis arrivaient à minuit à Taïwan. J’avais toujours ce sentiment quand je rentrais chez moi, comme si ce n'était pas quelque chose d'accueillant, d’ensoleillé ou de lumineux mais plutôt une obscurité, ou un escalier très sombre. Pour moi, l'histoire commence là. Je pense que ça apporte une touche au film que j'ai vraiment aimé. Ce sentiment que l’actrice est perdue ou dans l'obscurité. C’est une sorte de vérité émotionnelle. Ce n'est pas la ville de Taipei la plus réaliste en termes d'éclairage, mais je pense que c'est la vérité émotionnelle de ce qu'elle ressent à propos de son environnement.

Questionnements sur la société et l’histoire de Taïwan

En plus des films, 2 tables rondes, un atelier ou encore une exposition permettent au public de découvrir autant le travail des réalisatrices que des points de vue sur l’histoire et la société taïwanaises. Parmi ceux qu’on pourrait citer, le documentaire, Une lettre pour hama de CHEN Hui-ling, illustre cette capacité des réalisatrices à aborder avec justesse des sujets complexes, sensibles et parfois douloureux. Dans son film, CHEN Hui-ling accompagne des étudiants dans l’écoute et l’enregistrement des récits bouleversants de leurs grands-parents, entre colonisation, terreur blanche ou amour perdu. Ce film, comme d’autres, illustre ce questionnement sur les événements du passé, pour tenter de les démêler et de les comprendre. Un avis, quelque peu partagé par la programmatrice du Forum des images :

J'ai la vision d'un pays qui est en effervescence, mais avec un énorme souci de revenir sur le passé pour essayer de comprendre. Il y a des films qui traitent des périodes historiques, notamment de la Terreur blanche. Toute cette histoire de Taïwan, de la colonisation japonaise, des peuples aborigènes, toutes ces choses là, existent. Dans les films, j'ai été très impressionnée aussi par la volonté d'avoir plusieurs points de vue. C'est à dire que même dans des situations très dramatiques, ce n’est jamais comme des films à charge. On essaie vraiment de poser tous les personnages et de comprendre les points de vue. C'est cette extrême bienveillance qui m'a beaucoup touché, ce “comment on peut fonctionner ensemble ?”

Les femmes de Taïwan font des vagues du 19 septembre au 8 octobre au Forum des images

Fiona ROAN Feng-i / Siew-hong LEONG / Yi-shan LEE / HUANG Xi / Nien-hsiu LI / Jasmine LEE / Wuna WU / Sylvia CHANG Ai-chia / Laha Mebow / HU Tai-li / Hsin-yin SUNG / Weitsy et WANG et Ying-jaw JIING / Ting-ning CHEN / Hui-chen HUANG / I-Ju LIN / Yushan HUANG / Chao-Ti HO / Hui-ju HSU / CHEN Hui-ling / Herb HSU / Zero CHOU / Wen-chen TSENG / Chen-ti KUO et Weissu CHIEN / Singing CHEN / Shau-di WANG / She-wei CHOU / Charlene SHIH / Yu-feng CHIU

Informations complémentaires :

2 tables rondes animées par Nicole Fernandez-Ferrer, co-présidente du Centre audiovisuel Simone de Beauvoir.

  • - « Féminisme et production cinématographique » Sam. 23 septembre – 14h30 Avec la participation de : Ching FAN et Chun-Chi WANG (Conseillères pour Taiwan Women’s Film Association), Women Make Waves International Film Festival), Bénédicte Couvreur (productrice, Lilies Films) et Blandine Lenoir (cinéaste).
  • - « Une critique féministe du cinéma » Sam. 7 octobre – 14h30 Avec la participation de : Chao-Ti HO (cinéaste) ; Yi-shan LEE (cinéaste) ; Occitane Lacurie (doctorante en études visuelles à Paris 1, rédactrice de la revue Débordements) et Camille Nevers (critique de cinéma et réalisatrice)

Atelier : « Running Festivals Making Waves » Sam. 30 septembre – 14h30

Exposition sur les œuvres de photographes témoins du mouvement féministe à Taïwan depuis les années 1970

Liens :

RTF, une émission réalisée depuis la France par Clément Tricot

Twitter : Clément Tricot

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